J’ai le permis de chasse depuis quarante ans, je connais tout le monde donc j’avais déjà beaucoup de matériaux. Sur la méthode, je me suis attaché à l’importance du langage, l’intérêt de faire du microscopique. On prend un petit objet de recherche et on le décortique. Ici, une Association communale de chasse agréée. Je ne fais pas de généralisation ni de comparaison. Vivre la chasse de l’intérieur me permet de mieux comprendre ce que me disent les gens. Si j’arrivais de l’extérieur en posant des questions, je ne pourrais pas distinguer la qualité des informations...J’ai le permis de chasse depuis quarante ans, je connais tout le monde donc j’avais déjà beaucoup de matériaux. Sur la méthode, je me suis attaché à l’importance du langage, l’intérêt de faire du microscopique. On prend un petit objet de recherche et on le décortique. Ici, une Association communale de chasse agréée. Je ne fais pas de généralisation ni de comparaison. Vivre la chasse de l’intérieur me permet de mieux comprendre ce que me disent les gens. Si j’arrivais de l’extérieur en posant des questions, je ne pourrais pas distinguer la qualité des informations que je recueille. Qu’avez-vous appris ? La concurrence qui peut exister entre les chasseurs. Chacun veut être le meilleur. Et donc il faut le montrer, car tout se décide dans le regard de l’autre. Souvent, ça ne se dit pas. C’est plus compliqué que ça. Ça se sent. Un des meilleurs chasseurs que j’ai rencontré s’en fiche. Ce qui l’intéresse, c’est la chasse, pas être le meilleur. Donc il l’est sourire. Quand il dit il y a des sangliers à tel endroit, tout le monde le croit parce qu’on sait qu’il ne se trompe pas. La battue est-elle un lieu de sociabilité ? Dans le village où j’ai mené mon étude, il n’y a plus de café. Il reste la chasse et le football. Il n’y a plus d’épicerie non plus. Il reste une boulangerie où les hommes prennent le temps de discuter. Et souvent, ils parlent de chasse. Ce n’est pas un hasard si les responsables politiques créent des maisons de la chasse. Pour s’emparer de la mairie, c’est un élément important. L’ACCA est aussi un lieu d’intégration fascinant. Cela a été le cas pour la diaspora portugaise, dont beaucoup de représentants se sont démarqués comme bons chasseurs et faisaient l’admiration des Landais. La chasse est un instrument de communication. Elle devient un point commun. C’est un lieu de dialogue comme pouvait l’être le travail à l’usine. Avez-vous distingué plusieurs manières de chasser ? Les plus compétents font le pied ». Ils parcourent la commune, savent exactement où passent les sangliers, ils apprécient leur nombre d’après les traces, en déduisent leurs poids. Il y a un raisonnement. C’est plus qu’un savoir-faire, qui serait automatique. Là , il faut réfléchir. À l’opposé, il y a ce que j’ai appelé les consommateurs. Ils obéissent, ils font nombre. Mais ils sont indispensables parce qu’il faut du monde pour encadrer le carré de la battue. Cette hiérarchie n’est jamais dite clairement. L’objectif premier reste de s’amuser. D’essayer de comprendre comment fonctionnent les sangliers » Vous évoquez les nouvelles technologies, notamment l’essor des moyens de communication. Qu’est-ce que ça a changé ? Tout ! Tous ont des téléphones portables, des talkies-walkies. On convoque la chasse par messagerie. Il y a encore dix ans, les chiens donnaient les indications par leur façon d’aboyer. Au son, on déduisait aussi leur position. Aujourd’hui, on les trace par GPS. Tout cela coûte cher et les chasseurs sont souvent modestes. Certains y laissent la moitié de leur budget, entre les soins vétérinaires, l’entretien de la voiture adéquate, etc. Pour un gain uniquement symbolique. Les battues restent-elles quand même un lieu où l’on échange ? Quand la traque du sanglier se faisait à vélo, on discutait beaucoup sur le chemin. C’était l’occasion d’échanger des connaissances sur la chasse, sur l’histoire du lieu traversé. En voiture, les chasseurs sont plus isolés. Cela donne davantage d’importance à la rencontre d’après chasse. Quand il faut peler le gibier. Là ils commentent, racontent ce qu’ils ont vu, les coups réussis ou manqués. Le moment du dialogue s’est déplacé. Par le passé, Bernard Traimond a déjà produit plusieurs études sur la chasse, le braconnage ou la vie dans les Landes. Archives Pascal Bats / Sud Ouest » Vous écrivez que la chasse est un domaine étranger aux affirmations politiques, sociales, professionnelles et familiales, à ce qui divise ». On ne parle donc pas de tout ? C’est un sport. Sauf exception, dans une équipe de rugby, les conflits politiques s’estompent. Cela ne veut pas dire que des bisbilles ne ressortent pas. J’ai vu un chasseur arriver avec un morceau de sanglier en se plaignant au président de la société de chasse qu’il était immangeable. Il lui a rendu. On m’a expliqué que le président avait fait exprès de lui attribuer. Il y a des antagonismes, mais ils sont largement atténués. Ceux qui les importent finissent généralement par être mal vus. Quelle est la place du gibier ? Ils sont très fiers de l’attraper. On détruit les nuisibles. Cela donne un statut aux chasseurs et à la chasse. D’autant plus que c’est l’argument de vente des instances nationales. C’est répété en boucle par la fédération. Les chasseurs le savent. Ils ont toujours joué ce rôle. Mais l’objectif premier reste de s’amuser. D’essayer de comprendre comment fonctionnent les sangliers. Certains ne pensent qu’à ça. Ils passent leur temps dans les pins. D’autant plus que ce sont surtout des retraités. Il y a peu de jeunes. Les vieux disparaissent et ne sont pas remplacés en totalité. En revanche, la qualité des chasseurs s’améliore. L’attention à la sécurité a évolué. Et ils chassent mieux. Ils sont plus motivés. Je me souviens, il y a longtemps, d’un chasseur qui était en train de lire le journal quand le lièvre est arrivé. C’est beaucoup plus sérieux aujourd’hui. La chasse est de plus en plus attaquée, ses pratiquants le ressentent ? Bien sûr car la cause animale est très agressive. Regardez les affiches de Brigitte Bardot contre la chasse et la corrida. Mais cela ne remet pas du tout en cause leur pratique. Les chasseurs s’appuient sur une histoire. C’est leur enfance, leur vie.
Jai vu un chasseur arriver avec un morceau de sanglier en se plaignant au président de la société de chasse qu’il était immangeable. Il lui a
Landes [40] - Mont de Marsan - Aquitaine - Nouvelle-Aquitaine Texte complet Landes - Chasse au Sanglier Précisions ou commentaires Français Landes - Chasse au Sanglier 1900-1905 Source Wikimedia Commons Caractéristiques du scan Taille de fichier 466,11 ko Dimensions 1280 x 809 pixels Résolution 72 x 72 pixels/pouce Dimensions original 45,2 x 28,5 cm Texte par reconnaissance automatique de caractères expérimental Version 1 e + E est mor [a bète s. - de an sl v A — 4 Lei lier r = ans aus se $ Cha , Arjuzanx-Morcenx Hernéde, phot. H. Version 2 Chasse au ans les Landes. - La bête est morte ! F. Bernède, phot., Arjuzanx-Morcenx
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